Histoire de la commune

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Un peu d’histoire de Chouzelot

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Un peu d’histoire

Textes et transcription par Gaby Dalmau

 

Largement inspirée de la monographie de Louis BEUQUE instituteur à Chouzelot en 1900

Les habitants de Chouzelot s’appellent les :
« Chozeloises » et « Chozelois »
(Chouzelot = « Chaseles » ou « Choseles » au moyen-âge)

EXTRAITS de la monographie de LOUIS BEUQUE qui reprennent des éléments de la vie de CHOUZELOT du moyen-âge à la fin du 19ème siècle :

CHOUZELOT, souvent appelé « Chaselles » ou « Choselles » dans les vieux titres, est d’origine très ancienne et fut pendant fort longtemps dépendante de la communauté de Quingey jusqu’à la fin du 16ème siècle. Son histoire est souvent intiment liée avec celle de Quingey, ville limitrophe.

Chouzelot 260 mètres d’altitude (316 mètres au Mont Gardot), fut érigée en commune vers l’an 1600. Le village fait partie du canton de Quingey. Fait partie également par ailleurs de la paroisse de Quingey avec Cessey, Lavans, Pessans, qui eux non plus n’ont ni église ni cimetière (voir l’histoire des cimetières et de l’église de Quingey qui concernent donc également Chouzelot).

En reprenant le livre de Francis BAVOUX « la sorcellerie au pays de Quingey » où les procès ont fait rage au 16ème siècle, je vois qu’aucun(e) accusé(e) de Chouzelot ne fait partie des listes macabres, ouf !!!

La délimitation du territoire de Chouzelot a été définitivement fixée en 1827. Les habitants de Chouzelot eurent fort à faire pour sauvegarder leurs droits vis-à-vis de Quingey (y compris le Seigneur du Hameau de Malpas), et de ….Cessey, et avec les Révérends Pères Carmes qui possédaient de vastes propriétés dans la commune.

Chouzelot a eu jusqu’à 30 hectares de vignoble donnant un vin très estimé. L’activité principale de Chouzelot autrefois, a toujours été la culture (champs, bétail…). Tous les habitants étaient cultivateurs et exerçaient parfois pour certains un métier supplémentaire spécial tel que, au 19ème siècle : 1 forgeron, 1 tonnelier, 3 maçons, 4 couturières, 1 blanchisseuse, 1 instituteur, 1 garde des champs, 2 cantonniers, 1 fromager, 1 employé, 4 rentiers ( !!!! considéré comme un métier ????), 6 pêcheurs.
A propos de la pêche, il s’agissait bien entendu de la pêche provenant de la Loue que les pêcheurs emmenaient au marché de Besançon …………….. à pied. Les femmes portaient les paniers pleins de poisson sur leur tête !!!!! Puis en charrette tirée par des bœufs ou des chevaux, puis en moto jusque pendant la guerre de 39/45.

La population :

Population de la Franche-Comté au lendemain de la guerre de 30 ans, recensements nominatifs de 1654, 1657, 1666 baillage de Quingey, ouvrage de 1995 réalisé par l’Institut d’Etudes Comtoises et Jurassiennes, Université de Franche-Comté, Faculté des lettres de Besançon, sous la direction de Monsieur François LASSUS ingénieur à l’Université.

Pour Chouzelot sont recensés 12 ménages soit 54 personnes :
(procureur : C.NELATON de Quingey)
Louy MERCIER, sa femme, 4 enfants
Clauda BIGUENET veuve de Louis PRESTET, 4 enfants
Denis FRENEY, sa femme, 4 enfants, 1 valet, 1 servante
Pierre PERILLARD, sa femme, 4 enfants
Pierre BAILLOT, sa femme, 1 enfant
Jean BORY, sa femme, 2 enfants
Maître Guillaume DEREY, maréchal, sa femme, 4 enfants
Jean FAIBVRE, sa femme, 4 enfants
Maître Claude, tisserand, sa femme, 1 valet
Pierre DEVILLERS, sa femme, 2 enfants
Simone veuve de Claude FAIBVRE
Denise SIGYRAND, bergère, 1 garçon

En 1688 Chouzelot compte 96 habitants
En 1780 401 habitants
En 1800             379 habitants
En 1805 350 habitants
En 1841 307 habitants
En 1851 343 habitants 84 maisons
En 1861 316 habitants
En 1872 307 habitants
En 1881 281 habitants
En 1891 264 habitants
En 1899 87 maisons

Infécondité, émigration des jeunes vers la ville et épidémie en 1855 due aux très mauvaises conditions d’hygiène de vie par rapport à l’eau surtout, le fumier devant les maisons, les écoulements dans les rigoles des rues, qui décima la population……. sont vraisemblablement des explications à la baisse du nombre d’habitants, de moitié presque en un siècle.

Impossible à ceux-ci d’établir d’avance un budget familial car à chaque instant tombent de nouvelles impositions plus ou moins régulières sous lesquelles ils succombent déjà. Les démêlées avec les Révérends Pères Carmes sont fréquentes.

1780 – Les familles – Patronymes :

GOY JOLY LAMBELIN FAIVRE BARILLOT PAGE PRILLARD MOUREY VAUTHIER BAILLY COMPAGNON FRENEY GUYNET (devenu GUINET je pense……) LANDRY JAILLARD MERCIER

1780 – Les patronymes disparus :

BAVEUX BEAUFILS MOULET GROSJEAN PARIS GRANDPERRIN FIAT JEUNET RAGOT GRABY CHALON DONONAL NELATON BONNET CAUBET VOIRESON DEMOLOMBE CHAVOT REYNAUD DAVID DENIS LAMBERT AMOUDRU BORY PONCET NICOLIN TOUTENUE RAMEE CHANET BOUCHEE COURBET BERTRAND RETROUVEE CHAUVIN MAIRE CHAPUT GAILLARD BAILLOT HUMBERT FAULE PECEZ FREJOT JOVINET TONOT
1780 – Les nouveaux patronymes :

BUISSON CACHOT CAMUS CARREZ COMTE DESARNEAUX GACHOT JUILLERAT LETONDOR MARLE MENIGOZ PAGE PANSARD PISTOLET SERGENT TOURAISIN TRAMUS VITTE

1780 – Surnoms et sobriquets :

grenadier, la mine, la religieuse, roland, la gigue, cadet, capion, la brigade, cabry, coulot, cavalier, favichon, le sergent, canquet, jean-coula, carteau, batroute, mal tourné, la landignon, le cor, joubet

Tout le monde parlait un patois sans particularité.

Il existait à CHOUZELOT, un droit d’habitantage : il fallait être autorisé par les notables après enquête portant entre autres sur les mœurs, puis vote, à habiter à CHOUZELOT.

Il n’y a jamais eu de débit de boissons à CHOUZELOT.

Le lieu de rassemblement était la maison FRENEY au centre du village où tout le monde se retrouvait pour discuter.

Donnaient lieu à des festivités au 19ème siècle : la fête nationale du 14 juillet, la fête patronale de la SAINT MARTIN en novembre (patron de la paroisse de Quingey), les fêtes des villages avoisinants où tout le monde se rendait, et la CHEVANNE :

le jour de carnaval (mardi gras), les jeunes gens dressent un mât, un arbre, en un endroit quelconque. Ils confectionnent ensuite un mannequin qu’ils promènent dans le village, tout en faisant la quête dans les maisons. Le soir venu, on attache le mannequin au faîte de l’arbre, celui-ci habillé de haut en bas de buis et de genevrier enduits de pétrole. A l’heure fixée, les mariés de l’année, accompagnés de la foule, viennent se ranger autour de l’arbre et le plus jeune couple met le feu à la chevanne. Tandis que celle-ci se consume, la foule crie sa joie à pleins poumons. La fête se termine par un banquet organisé avec le produit de la quête et auquel prennent part seulement les jeunes gens qui ont préparé la chevanne.

L’école :

Aux 17ème et 18ème siècles les enfants allaient à l’école à QUINGEY.
Le premier maître d’école est nommé à CHOUZELOT en 1801 :
Nombre d’élèves : 53 en 1860
27 en 1864
38 en 1868
35 à 45 entre 1870 et 1890
40 en 1899
A la fin du 19ème siècle, ce sont des enfants de Quingey qui viennent à l’école de Chouzelot ?????????
Moyenne de fréquentation de l’école dans l’année : 7 mois de 1890 à 1898 : les enfants sont retenus par les parents pour les travaux de la maison et surtout des champs.
Cependant, en 1898, tous les adultes de Chouzelot savent lire et écrire.

Une bibliothèque scolaire est créée en 1881 grâce à la générosité du Docteur BUHON de QUINGEY, entre autres, bienfaiteur de l’hospice de Quingey (voir livret sur les Sœurs de la Charité Hospice de Quingey 1861-1980). La bibliothèque compte 92 volumes en 1899.

Actes de courage et de dévouement – dons :

J.Joseph PRILLARD dit la Pomme sauve 2 personnes de la noyade en 1856 inondations de la Loire
Louise VERNIER : consacra pendant 15 ans son temps, ses soins et sa fortune aux malades, aux infirmes et aux pauvres. Une bienfaitrice pour Chouzelot.
Madame COURVOISIER en 1864 fait don de 40 fr à la commune
Madame Veuve BAILLY née COMPAGNON en 1879 fait un leg pour l’hospice de Quingey pour soigner les vieillards infirmes ou malades de Chouzelot. Ils sont au nombre de 15 en 1898.

Pâtre communal jusqu’en 1820 : payé par la commune, il est chargé de garder les bêtes dans les champs dont il a l’entière responsabilité, son travail fait l’objet d’un contrat.

Fromagerie : elle ouvre en 1838 pour la fabrication du gruyère mais ferme après quelques années, le lait est alors dirigé sur Quingey.

Elle rouvre à Chouzelot en 1850 (salle des fêtes aujourd’hui). 1/3 du lait vient de Quingey qui n’a plus de fromagerie. Prix du lait de 1850 à 1899 : entre 0.71 fr et 0.139 fr

Syndicat agricole :

Il voit le jour le 8.1.1899 grâce à un homme d’initiative Jacques Jules PRILLARD. Le syndicat fonctionne en association avec Quingey. Le 17.3.1899 il compte 75 membres, la cotisation est à 0.50 fr. Se constitue alors une CAISSE D’ASSURANCE MUTUELLE contre la mortalité du bétail. Elle compte 52 membres pour 277 têtes de bétail représentant un capital de 97100 fr.

En 1892, il y a à Chouzelot 75 chefs d’exploitation dont 1 fermier pour 315 hectares de propriété avec une moyenne de 4 hectares par exploitation.

Les ouvriers agricoles sont rares mais le machinisme n’a pas encore fait son apparition, les engrais chimiques sont inconnus dans la commune.

Bois communaux et terrains communaux en 1743 :

Les bois

Ils couvrent 108 hectares lieux-dit : la Madelon, Gros Bois, Chantelibas, Confetimini, Mont-Gardot. On y trouve des chênes, des charmes, des hêtres, des frênes, des érables. Les bois sont très protégés. De lourdes peines et amendes sanctionnent les contrevenants.

Les terrains

Ils couvrent 144 hectares : aux Chèvres, Sous Chantelibas, les Chanots, le Fougeret, les Essarts d’Humbert, les Chevaucheux, les Justices, le Crêt, la grande et la petite Chaux, le grand Mont-Gardot, les planches Mont-Gardot, les Essarts Thomas Clerc.

Péage :

Jusqu’au 13.3.1849 il existe un péage sur la route de Besançon, à Quingey, à l’entrée de Chouzelot.

La poste :

1832 : le facteur passe tous les 2 jours. Il passera tous les jours à partir de 1844.

L’eau : un grand sujet de préoccupation pour Chouzelot :

Jusqu’en 1780 il existe un seul puits banal en haut du village pour l’eau potable. 3 ou 4 puits privés
1780 : un nouveau puits communal est construit au milieu du village
1802 : l’ancien puits est remis en état. Achat par la commune du droit d’user d’une fontaine d’une propriété privée.
1857 : le Maire M.Courvoisier transfère le puits communal sur un de ses terrains pour trouver de l’eau de source
1899 : 3 puits communaux, 33 puits particuliers qui puisent l’eau de la Loue, de meilleure qualité que l’eau de source douteuse.

Le 20ème siècle sera encore marqué par le problème de l’eau à Chouzelot (comme à Cessey)

Ce 20ème siècle à Chouzelot, je ne le décrirai pas aujourd’hui car je manque d’éléments et je souhaiterais qu’il me soit raconté par les anciens de Chouzelot. Ce 20ème siècle, je l’ai évoqué avec un natif de Chouzelot, Robert GUINET parti s’installer à Cessey en 1950. Voici des extraits de son récit car il y a de nombreux points communs entre la vie des Chosellois et Choselloises, Ceyssois et Ceyssoises entre lesquels les unions ont d’ailleurs été nombreuses :

C’est avec une certaine émotion que je me suis rendue le 11 mars 2007 au domicile de Robert GUINET 27 grande Rue à CESSEY. Je savais en effet, que j’allais rencontrer une « vieille figure » de Cessey comme on dit, ou un « ancien ». Le but : recueillir des souvenirs, des émotions, évoquer la vie d’autrefois à Cessey (…).

Et Robert, casquette à petits carreaux sur la tête, a totalement répondu à mon attente, dans cette petite salle à manger / chambre à coucher de son ancienne ferme, à laquelle on accède par la cuisine, les 2 pièces au plafond bas étant séparées par une porte en bois avec « ticklet » qui me rappelle mon enfance. Toute notre conversation sera bercée par le va et vient du balancier de la pendule comtoise et les sonneries de quart d’heure en quart d’heure.

Robert est né le 10 janvier 1928 à Chouzelot. Il s’est marié le 18.07.1953 à CESSEY à Louise PASTEUR née le 10.2.1921 à CESSEY, épouse hélas bien trop tôt décédée le 24.7.1973.

Robert s’est installé à Cessey en 1950 pour exploiter une ferme : culture, élevage, vaches laitières. Il fabriquait lui-même son beurre qu’il descendait vendre à Quingey, entre autres à ma grand-mère (Gabrielle GUINCHARD), épicière jusqu’en 1958, Rue des Salines en face de la quincaillerie Dody. Robert et son épouse ont eu 6 enfants : une fille née en 1954, un garçon né en 1955, une fille née en 1956 et …………………….des triplés, 3 garçons, nés en 1964, un sacré évènement dans le coin !

La vie était certes dure, les journées très longues, les nuits très courtes en particulier au moment des moissons, mais cette vie, même si les conflits et les histoires de village étaient parfois rudes, elle était riche d’une valeur trop souvent disparue aujourd’hui : la communication, la transmission du savoir et de la mémoire, qui se faisaient tout naturellement au cours des veillées, ou en rentrant les bêtes le soir, ou assis sur le banc devant la maison. Tout le monde était à pied, pas de télévision, on discutait.

Difficile à faire aujourd’hui avec un nombre incalculable de voitures qui passent à toute allure dans la rue principale, cette rue qui, jusque dans les années 1965 était un « cul de sac ». En effet, l’accès aux Champs du Fourneau ne pouvait se faire qu’à travers champs, par un sentier qui s’est transformé en chemin caillouteux, en tout état de cause praticable uniquement à pied ou à la rigueur en vélo.

Ma grand-mère (1893-1973) disait : « Cessey c’est le dernier village du monde parce que le bon Dieu a dit : après Cessey, c’est assez ». Différentes « formules » de ce dicton existent qui ont toutes la même signification.

Pour dire si en 40/50 ans, les choses ont bien changé !

Un autre jeu de mots avec 3 villages du canton m’est donné par Robert : « Cessey le Fourg By ».

Pour en rester un peu aux années 50/60, je rappelle souvent que l’oncle de Grenoble qui venait avec son épouse et des cousins, depuis Grenoble en voiture ( !), nous emmenait mes frères et moi faire un tour de voiture, récompense suprême, sur la RN83 en direction de Besançon. Il s’arrêtait au bord de la RN à peu près en face de Cessey et on passait un moment à jouer au bord de la route…………………..Comme on jouait dans la rue des Salines à Quingey au ballon, aux patins à roulettes, à la corde à sauter etc…….Difficile à imaginer n’est-ce pas les jeunes ???? Même à Cessey ce n’est plus imaginable !

Le père de Roland Poncet né en 1898 et qui était Cessois, a vu passer sa première automobile en 1903. Il s’était alors écrié : « mais elle va vite, et elle roule « sans » chevaux !!!! ».

C’est en 1965 que le groupe scolaire Charles Belle a ouvert ses portes à Quingey et que Cessey a perdu son école, malgré la forte mobilisation des gens de Cessey qui avaient proposé d’adopter des enfants de l’assistance publique pour empêcher la fermeture de l’école. Rien n’y a fait. Avec le recul et ce que l’on sait aujourd’hui de la pollution engendrée entre autres, par les véhicules, on peut se poser certaines questions quant aux transports scolaires dans le cadre de la protection de l’environnement et de la fatigue imposée aux enfants !!!!! Trop tard hélas !!!!!

C’est aux environs de 1970/75 que la route a été ouverte et goudronnée pour mener aux Champs du fourneau. Ca a été le début de ventes de prairies en terrains à bâtir, en particulier par Jean GRANGEOT des Champs du fourneau.

Cessey n’ayant ni église ni cimetière, le village fait partie de la paroisse de Quingey avec Quingey, Lavans, Pessans, Chouzelot. L’histoire de l’église et des cimetières de Quingey est donc également celle de Cessey, les livrets écrits sur ces deux sujets donnent de nombreux et précieux renseignements que je vous proposerai de parcourir ensemble tout à l’heure (…)

Comme on le pense, à juste titre d’ailleurs, l’activité principale de Cessey a été de tout temps l’agriculture. Il reste aujourd’hui un seul exploitant agricole à Cessey. Des agriculteurs de Chouzelot et Courcelles exploitent certaines terres (…)

Activité principale l’agriculture certes, mais qui aurait pu soupçonner que 2 autres très grosses activités ont fait vivre des familles de Cessey jusqu’au début du 20ème siècle pour la première, jusqu’après la guerre de 39/45 pour la seconde :

Tout d’abord : la vigne (et les vergers)

Tous les coteaux du haut de Cessey étaient couverts de vigne, de même les coteaux à droite de la route de Courcelles. Hélas, mille fois hélas, comme dans de très nombreuses régions de France, le phylloxéra au début du 20ème siècle a fait les ravages que l’on connaît et la vigne n’a pu être replantée, tout du moins à l’échelle de ce qu’elle était. Déjà en 1915, des orages de grêle épouvantables avaient tout détruit (dixit Héloïse BAILLY née en 1895 – épouse CLERC puis FIAT).

Les murets en pierres dont il reste des vestiges dans certains champs, étaient construits par les anciens pour délimiter les propriétés (les pierres provenaient du « dérochage » des champs).

Et ensuite : la pêche.

De nombreuses familles de Cessey (par exemple les Fiat, les Poncet, les Pasteur etc….), avaient comme activité principale la pêche dans la Loue et ils partaient, à pied, vendre leur poisson au marché de Besançon. Les femmes portaient un panier plein de poisson sur la tête comme l’ont raconté à Roland Poncet, son grand-père né en 1856 et sa grand-mère née en 1877. Ils traversaient la Loue avec leur pêche, chargeaient les poissons sur des charrettes qui attendaient sur la route de Besançon en face de Cessey, et en route pour la ville !!!! Les charrettes étaient celles entre autres, du grand-père et de l’arrière-grand-père de Robert : Jean-Baptiste Guinet 1816-1891, Mathias Guinet 1866-1943, tous deux de Chouzelot.

L’activité a cessé pendant la guerre de 39/45 et a repris après la guerre : Paul Guinet et Claude Prillard de Chouzelot étaient, eux, motorisés : ils emmenaient le poisson en moto ! (…)

Comment étaient « ravitaillés » les gens de Cessey autrefois ?

Avant tout, rappelons que les personnes vivaient en grande partie en autarcie : produits de la ferme et du jardin, des vergers etc…. qui étaient transformés, conservés, gardés dans les greniers qui fleuraient bon les pommes, les noix, les noisettes, les poires…….. Les femmes cousaient, tricotaient, crochetaient : les vêtements, les rideaux, les nappes etc…

Pour le reste, comme partout, il y avait d’une part les colporteurs.

Par ailleurs, des commerçants appelés aussi négociants, de Quingey, faisaient des tournées, tournées tout d’abord avec une charrette tirée par des chevaux (les PIDON, les MONANGES, de Quingey par exemple, de la famille de ma grand-mère qui a participé à ces tournées), puis avec les camions comme ceux des 4 fils DODY de Quingey : quincaillerie, chaussures, confection etc……

J’ai fait les tournées avec Maurice DODY, j’en garde des souvenirs merveilleux : assise avec ma cousine sur le moteur à l’intérieur de la cabine avec des bassines, des casseroles etc…. qui envahissaient tout l’espace. On s’arrêtait le midi le long d’un champ pour manger avec les agriculteurs. Car Maurice comme ses frères, allait trouver les cultivateurs là où ils étaient, et les dames venaient lui acheter ce dont elles avaient besoin, « au cul du camion ». Tout le monde se connaissait, partageait les joies et les peines.

Mon arrière grand-père Stanislas DODY (1858-1939), était cordonnier à Quingey (original pour un homme qui était arrivé pieds-nus à l’âge de 20 ans à Quingey, depuis Echay). Lui aussi faisait des tournées : il partait régulièrement de grand matin, à pied, avec les godillots réparés autour du cou et il rentrait le soir avec les godillots, à réparer, autour du cou. Ma grand-mère (sa fille) me racontait qu’il faisait des tournées de plus de 50 kms parfois : Quingey, Cessey, Courcelles, Goux, Palantine, Echay, Myon etc…….C’est lui aussi qui a fait amener la première moissonneuse-batteuse à Quingey, il a failli se faire lyncher !!!

Et en ce temps là, on savait aussi marcher pour faire la fête : une fois par an, c’était la fête du village à date fixe bien précise (par exemple, à Quingey, la Saint Martin en novembre et surtout la fête d’été le dernier dimanche d’août). Les familles se recevaient à tour de rôle et il n’était pas rare de se retrouver des tablées de 30/40 personnes, c’était un évènement. Et pour participer à la fête, tout le monde partait à pied de grand matin pour se retrouver au village concerné.

Mon oncle Jean GUINCHARD né en 1920 à Quingey et qui vit à Grenoble, me rappelle par ailleurs, que les différentes familles de « même origine », se recevaient pour fêter le chef de famille, lors de la « fête du nom » : Saint Marcel, Saint Louis, Saint Juste etc….

A Cessey, il n’y avait pas de fête du village proprement dite dans l’année mais par contre, il était de coutume de dire que la fête, c’était le jour de foire à Quingey (1er lundi de chaque mois). Les gens de Cessey descendaient alors à Quingey et faisaient la foire un peu dans tous les sens du terme, nombreux étaient ceux qui remontaient un peu « pompette ». Il y avait alors à Quingey non seulement la foire aux bestiaux sur le terrain de football actuel, mais il y avait également des étales de toute sorte etc…..sur la place et à la halle (devant la tour où est né Calixte II).

Intéressant à savoir également : des chanteurs de rue passaient régulièrement dans les villages (les nouveaux troubadours en quelque sorte). Ils chantaient et faisaient chanter sur les places, et vendaient les partitions des chansons. Je dirais que ça a duré jusqu’à la veille de la guerre de 39/45 puisque ma grand-mère avait des partitions entre autres, de Tino Rossi, de Luis Mariano ; elle avait le fameux « temps des cerises » etc…

Sans voiture, sans téléphone, sans internet etc…., tout le monde se connaissait, se fréquentait, tout le monde participait aux grandes joies et aux grandes peines de tout le monde. Les mariages (comme les enterrements d’ailleurs), donnaient lieu à de véritables festivités parfois sur plusieurs jours.

Les menus étaient copieux, pour preuve, celui du mariage de ma grand-mère (document joint) le 2.5.1914 !!!!

En conclusion, je dirais qu’il ne faut pas se prendre à rêver d’une vie d’autrefois qu’on pourrait penser idyllique, ce n’est pas le cas. La vie était dure, la mortalité infantile et des adultes importante, les médicaments pour les pathologies lourdes n’existaient pas, les fléaux étaient nombreux et réguliers, les famines, les guerres etc…..etc….

Par contre, oui, on peut regretter qu’aujourd’hui, au 21ème siècle, avec les moyens de locomotion les plus modernes, le téléphone, les portables, internet, l’électro-ménager qui soulage de travaux lourds, les médias radio et télévision qui informent de tout à tout instant, on n’ait plus le temps de se voir, de parler, de transmettre, d’échanger, d’ouvrir des albums photos et de se souvenir.

Mais cependant, la majorité des personnes répond présente pour se mobiliser autour de grandes causes ; une prise de conscience importante se fait autour de la sauvegarde de la planète ; la généalogie, donc un besoin de retrouver ses racines connaît un succès énorme et se développe à vitesse grand « V » ; alors, il suffit peut-être de bousculer un peu les choses pour trouver un juste milieu entre avant et maintenant ?

Horreurs et désastres des guerres.

Comme tous les villages de Franche-Comté, Chouzelot a subi les ravages des invasions dont les suédois, de la guerre de 10 ans, de 30 ans, de la conquête de la Franche-Comté par LOUIS XIV (Voir livret « Causerie Ceyssoise), des invasions de 1814-1815 et a connu des moments forts lors de la tristement célèbre bataille du Mont Gardot pendant la guerre de 1870-1871 contre les Prussiens (voir feuillet annexe).

Chozelois morts pour la patrie :

MOULET J.Baptiste  1801 Allemagne
PRILLARD Claude  1806 Italie
VAUTHIER J 1807 Allemagne
GROSJEAN François  1809  Figuères près de la frontière espagnole
BARILLOT J.Baptiste  1812 Espagne
JOLY J.Pierre  1830 6ème d’artillerie
GAILLOT Pierre François 1838 Algérie
BOUCHEZ J.Baptiste 1845 Algérie
BAILLY J.François 1846 Algérie
BART Claude 1866 Condé (nord)
BART Louis 1870  Reischoffen Alsace Guerre de 1870-1871
GOY Joseph  1870 2ème légion de marche du Rhône Guerre de 1870-1871
PETIGNY J.Louis 1871 Besançon Guerre de 1870-1871
PRILLARD L  1882 Badoumbé SENEGAL

Médaillés de Sainte-Hélène : Soldats ayant servi dans les armées napoléoniennes (Napoléon 1er) et qui étaient encore vivants en 1857 date d’attribution de la médaille :
BAILLY Jean Denis régiment: 54e de ligne période: 1807-1810 et 1815 dossier : 32565
BOUCHEZ Denis Joseph régiment: 101e de ligne période: 1812-1815 dossier : 174451
COMPAGNON Claude François régiment: 12e bataillon bis du train d’artillerie période: 1813-1815 dossier : 32566
FAIVRE Claude Jacques régiment: 12e bataillon bis du train d’artillerie dossier : 174452
HEBERT Charles François Hypolite – grade: sergent régiment: 33e de ligne dossier : 31563
PRILLARD Etienne régiment: 101e de ligne période: 1792-An XI dossier : 31564
Remerciés pour…..
Gaspard GAILLARD Né le 18/02/1686 à Chouzelot – fils de Jean Claude GAILLARD et de Jeanne PRATET
Reçu à l’hôtel des Invalides à Paris le 11/08/1740 – son surnom était Saint Amour
Philippe MOREL (ou MOUREY) Né le 02/11/1707 à Chouzelot (bois de Chouzelot) – fils de Jean Claude MOREL (MOUREY) et de Marguerite VAUTHIER Reçu à l’hôtel des Invalides à Paris le 26/10/1758
Informations recueillies avec l’aimable participation de Philippe RAMEY dont les ancêtres étaient de Lavans :

Philippe RAMEY – Généalogiste professionnel – 9 avenue de Montrapon -25000 BESANCON
Tél. : 03-81-82-88-03 – Portable : 06-73-57-87-34
E-mail : rameyphilippe(at)tele2.fr Site internet : http://www.genealogiste-ramey.com/

D’après les éléments aimablement fournis par : Monsieur MIDOT Bernard d’Arc-et-Senans

Responsable du Souvenir Français pour le canton de Quingey : De Monsieur René PRILLARD de CHOUZELOT

Des internautes de « racines » et « patrimoine comtois »
Gardien de notre Mémoire, le SOUVENIR FRANÇAIS, créé en 1887 est reconnu d’utilité publique depuis 1906. C’est une des plus anciennes associations privées françaises. Conservant le Souvenir de celles et de ceux qui sont morts pour la France ou qui l’ont servie et honorée avec éclat, il veille sur les tombes et les monuments, qui, dans les villes et villages, en France et hors de France, sont là pour rappeler leur mémoire. Le travail du SOUVENIR FRANÇAIS est d’autant plus important que les familles de nos morts pour la France vieillissent (en ce qui concerne la guerre de 1914-1918 tout particulièrement), ne peuvent plus se déplacer comme elles le faisaient… Chaque année de nombreuses tombes et monuments sont donc rénovés avec la participation du SOUVENIR FRANCAIS, comme à QUINGEY. Le Souvenir Français développe aussi et entretient la mémoire de nos morts pour la France chez les jeunes par des conférences dans les classes des collèges.
Extrait du livret écrit par Gaby DALMAU et Roland PONCET sur les cimetières de Quingey :

Dans le cimetière du bas se trouve le monument aux morts restauré, érigé à la mémoire :
– de ceux qui sont morts vraisemblablement pendant les différentes colonisations (les dates de décès vont de 1771 à 1895 – merci à toute personne férue d’histoire de nous donner des précisions qui s’avéreront fort intéressantes – nous tenons la liste des soldats avec les dates, à disposition).
– de la guerre de 1870 au Mont Gardot au-dessus de Chouzelot où des combats sanglants ont eu lieu entre les soldats de l’armée du Général BOURBAQUI et les prussiens (25 et 26 janvier 1871). Plus de 100 Français et plus de 100 Prussiens auraient été tués. De nombreux corps n’ont pas pu être redescendus.

Il y a donc au Mont Gardot un cimetière non reconnu comme tel mais symbolisé par deux monuments rappelant cette bataille, un sur Chouzelot, l’autre sur Vorges.
La croix érigée sur le monument de Chouzelot avait été faite pour la partie horizontale, par le fusil d’un combattant. Le fusil a été volé.
Les corps qui ont été redescendus, n’ont pu l’être qu’au dégel au mois d’avril/mai. L’arrière-grand-père d’un habitant de Chouzelot a participé à ce transport.
Il se dit aussi, que des femmes seraient parties en plein hiver, sabots aux pieds pour la Suisse, afin d’échapper aux exactions de l’ennemi, que les habitants d’Abbans-Dessus devaient faire le pain pour les Prussiens.
A Quingey, les Prussiens auraient fait 800 prisonniers. Un Capitaine Prussien du nom de VON BULOW a été tué au Mont Gardot et inhumé au cimetière de Quingey. Jusque dans les années 1950 environ, une famille Allemande envoyait de l’argent à la Mairie pour l’entretien de la tombe aujourd’hui disparue. Il y avait alors au cimetière du bas, « le carré des allemands » et « le carré des français ».
A Byans, deux tombes de Prussiens sont toujours entretenues.

Dans le « cimetière du haut » se trouve le caveau VUILLIER dont un ancêtre a fait fonction de Maire de Quingey pendant la guerre de 1870. Les Prussiens lui auraient demandé une énorme somme en pièces d’or pour ne pas bombarder Quingey (témoignage de René BLONDEY)
Une internaute m’a écrit : sur la guerre de 1870 : mon grand père nous en parlait beaucoup et pleurait en chantant la charge de Reichshoffen.( cavaliers…chargez…)

Résumé de la bataille du Mont-Gardot à Chouzelot Guerre de 1870/1871 3ème bataillon du 39ème RI + 25ème mobile
Les prussiens venant de Quingey
Les français venant de Vorges
Gouvernement de la défense nationale septembre 1870 – février 1871 : Jules Faure, Jules Ferry, Jules Simon, Picard et Gambetta sous la direction du Général Trouchu Gouverneur de Paris.

BOURBAKI :
Né à Pau en 1816 d’origine grecque, il s’est fait une réputation de bravoure restée légendaire. Il s’est couvert de gloire en Crimée et en Italie. Il est aimé et admiré par ses hommes. Le 29.12.1870 Bourbaki est à Besançon mais le manque d’organisation et de coordination est total.
La prise de Quingey par les prussiens (les gens de Cessey ont dû assister au déferlement de feu) :
C’est grâce à un habitant de Cessey que l’armée de Bourbaki a pu prendre un jour d’avance sur les prussiens (dixit la grand-mère de Bernard MOUREY de St Renobert.
Le 23 janvier 1871 de grand matin, l’avant-garde de Bourbaki se met en route depuis St Vit. A Byans, un train de 400 blessés et malades est en gare. Les français occupent les hauteurs au-dessus de Quingey mais ils ont un seul canon et reculent sous la pression de l’ennemi qui fait 800 prisonniers, Quingey et Chouzelot sont prises, le pont de Quingey est coupé.
Le 24 janvier, tous les corps de l’armée de l’est sont réunis autour de Besançon sauf le 24ème RI qui, après l’abandon du Lomont s’est replié sur Pontarlier par Morteau. Besançon doit être défendue. Cette ligne de défense passe pour le sud, par Vorges, Busy, le comice, interdisant la route venant de Quingey.
Le 25.01.1871 : 1ère bataille au col à proximité de la Croix de Vorges. Les français repoussent les prussiens (près du monument de Chouzelot). Le soir, le 2ème bataillon relève le 3ème dans ses positions.
Le 26.01.1871 : le matin, escarmouches puis attaque en force des prussiens l’après-midi. Les français se replient à proximité du col et résistent en s’appuyant sur les abattis (entassement d’arbres abattus et de branchages qui font obstacle à l’ennemi). réalisés la nuit précédente par le génie.

Suite à la débandade du 25ème mobile, les français se replient dans la nuit sur Larnod. Ils étaient soutenus par les tirs d’une batterie d’artillerie située au lieu-dit « la grange rouge », au-dessus du comice. Bourbaki tente de se suicider à Besançon. Son armée est en lambeaux. Les morts : 32 français et 81 allemands ont été enterrés au cimetière de Quingey ou laissés sur place. Ces derniers ont été relevés après la Loi du 4.8.1873 et transférés au cimetière de Quingey. Certains, dont au moins un, se trouveraient encore là où ils sont morts et enterrés sur place (à « la Rezouse »). Le mort a été découvert quelque temps après la bataille par un habitant de Chouzelot (Jules Prillard dit « la pomme ») qui lui a pris ses bottes. Craignant que le vol soit découvert par les prussiens, ce qui n’aurait pas manqué de provoquer des représailles, il l’avait enterré sur place où il est encore (anecdote racontée par Gabriel Prillard de Chalèze qui la tenait de l’intéressé lui-même.

Le fusil fourni aux soldats français portait le nom de « chassepot » :
Crée en 1866 par Alphonse Chassepot ce fusil était une arme supérieure au fusil allemand Dreyse, qui datait de 1848, et dont la portée était de 600 mètres. Il avait un système à aiguille et était d’une structure moins complexe que son rival allemand. Pourvu d’un canon en acier, plus résistant aux charges de poudres que ceux fabriqués en fer il tirait des cartouches en papier et en lin graissé de 11 millimètres. La portée du fusil Chassepot était de 1200 mètres. C’est pendant la bataille de Mentana (opposant les troupes françaises aux garibaldiens) le 3 novembre 1867 que ce fusil fut utilisé pour la première fois. Le général de Failly au soir de cette bataille télégraphia à Napoléon III cette sinistre phrase restée célèbre « Sire, les Chassepots ont fait merveille! »

 

Soldats Français tués au Mont-Gardot – Monument aux morts Cimetière du bas à QUINGEY

F. LAFAY (Rhône) – P. COURTOUX (Nièvre) – N. ROUVET (Nièvre) – F. GAMET (Nièvre) – A. GRANDCLERC (Vosges) – J. BARILLY (Loire Inférieure) – A.C AZIER (Somme) – P. FAIDIDE (Gironde) – A. MORET (Seine et Oise) – J. COLLIN (Meuse) – L. GOIZET (Gironde) – Ch. SARRAZIN (Meurthe) – C. JOLY (Nièvre)

CHOUZELOT
Un lourd tribu pour le village guerre de 1914-1918 :
Louis FAIVRE 25.9.1914 – Paul MENIGOZ 27.9.1914 – Louis PRILLARD 11.10.1915
Louis JOLY 14.10.1915 – Henri PRILLARD 2.3.1916 – Auguste GOY 24.10.1916
Charles SERGENT 12.11.1917 – Ferdinand TRAMUS 13.11.1918
Les martyrs de la guerre de 1939-1945

Cimetière du haut à QUINGEY :
Le long du mur au fond du cimetière du haut, un caveau porte le patronyme « COMPAGNON » où est inhumé entre autres, Jean COMPAGNON de CHOUZELOT, tout jeune mais grand résistant pendant la guerre de 39-45, tout comme sa sœur France COMPAGNON (voir ci-dessous).
Fusillé à l’âge de 22 ans à « la Citadelle »>la Citadelle de Besançon, il faisait partie avec Henri FERTET, 17 ans, du groupe FTP (Francs Tireurs Partisans) « Marius Valet » (émanation du Groupe Guy Mocquet). Tous les prisonniers ont écrit des lettres à leur famille avant de mourir, je peux en fournir les photocopies.
Jean et Henri ont écrit chacun une lettre déchirante à leurs parents (Jean en a même écrit deux mais la seconde a été censurée). Celle d’Henri est connue et rapportée dans les livres d’histoire.
Faisaient également partie du groupe : Baltasar ROBLEDO et Saturnino TRABADO, tous deux de CESSEY d’origine Espagnole, arrêtés et fusillés en même temps que Jean COMPAGNON et Henri FERTET, inhumés côte à côte dans le carré militaire de St Claude à Besançon où ils sont restés jusqu’à ce que les familles puissent rapatrier leurs corps.

Cimetière du bas à QUINGEY :
La tombe de France COMPAGNON (dite Jofrette), épouse BRUGUERA, grande résistante pendant la guerre de 39-45, née à CHOUZELOT, emprisonnée par l’ennemi, torturée et déportée à RAVENSBRUCK où elle connaîtra l’horreur dans toutes ses dimensions. Marquée à vie, elle sera le témoin vivant de la barbarie nazie.

Mort et enterré en Silésie :

Charles PRILLARD de CHOUZELOT (né en 1904), cultivateur, déporté pour faits de résistance, décédé le 11.11.1944 au camp de GROSS ROSEN en Silésie.
2 rues de Chouzelot portent les noms de Jean COMPAGNON et Charles PRILLARD depuis 2005.

Les 16 fusillés de la Citadelle à Besançon le 26.9.1943 étaient :
(d’après le livre du Docteur Henri BON Croix de Guerre 1914/1918) :

Raymond AYMONNIN de Larnod né le 7.1.1923 à Larnod Cultivateur 20 ans
(dont la lettre à ses parents a été censurée)

Jean COMPAGNON de Chouzelot né le 24.12.1921 à Chouzelot Cultivateur 21 ans
(dont la seconde lettre a été censurée)

Henri FERTET de Velotte-Besançon né le 27.10.1926 à Seloncourt Lycéen 16 ans

Philippe GLADOUX de Fontain né le 10.01.0925 à Fontain Employé aux tourbières de Saône 18 ans (dont les lettres à ont été censurées)

Jean Paul GRAPPIN de Beure né le 8.05.1922 à Nancy Etudiant en pharmacie 21 ans

René PAILLARD d’Aveney né le 1er avril 1925 à Aveney Cultivateur 18 ans

Paul PAQUERIAUD de Nuits Saint Georges (Côte d’Or) né le 12.03.1908 à Digoin (Saône et Loire) Entrepreneur de maçonnerie 35 ans

Marcellin PUGET de Boussières né le 6.2.1914 à Boussières
Cultivateur et ouvrier à la papeterie de Torpes 29 ans

Roger PUGET de Boussières né le 23.01.1921 à Boussières Cultivateur 22 ans

Marcel REDDET de Pugey né le 17.3.1926 à Larnod Apprenti mécanicien 17 ans

Gaston RETROUVEY de Boussières né le 20.11.1924 à Belfort
Employé à la papeterie de Torpes 18 ans

Georges ROTHAMER de Boussières né le 16.3.1919 à Boussières
Mécanicien en machines agricoles 24 ans

René ROUSSEY de Boussières né le 17.8.1917 à Saint Vit
Instituteur aspirant de réserve 26 ans (dont la lettre a été censurée)

Marcel SIMON de Larnod né le 20.2.1920 à Larnod Cultivateur
23 ans – Chef du détachement « Guy Moquet »

Saturnino TRABADO de Cessey, né le 18.9.1911 à Villadeite Province de Lugo (Galice – Espagne)
Espagnol en exil, Chef de chantier Entreprise de travaux publics de Larnod 32 ans

Baltazar ROBLEDO de Cessey, né le 12.9.1908 à Cedillo Province de Caceres (Estramadure – Espagne) Espagnol en exil, Ouvrier Entreprise de travaux publics de Larnod 35 ans

Ont été fusillés :
à 7H36 : René PAILLARD, Gaston RETROUVEY, Henri FERTET, Marcel REDDET
à 7H56 : Philippe GLADOUX, Jean GRAPPIN, Raymond AYMONNIN, Jean COMPAGNON
à 8H10 : Marcellin PUGET, Roger PUGET, René ROUSSEY, Georges ROTHAMER
à 8H25 : Saturnino TRABADO, Baltazar ROBLEDO, Paul PAQUERIAUD, Marcel SIMON

Détachement Marius Vallet (issu du groupe Guy Moquet)

Inhumés le jour même aux cimetières de Saint Claude et de Saint Ferjeux avec défense d’y ériger aucun monument ou d’y mettre aucune inscription. Mais les tombes des victimes furent l’objet d’un pieux pèlerinage de la part de la population de Besançon et des environs et ne cessèrent d’être couvertes de fleurs.

Lettre adressée à Madame Charles PRILLARD de Chouzelot le 15 juin 1945

Madame,

J’ai la douleur de vous communiquer que votre mari PRILLARD Charles, est mort au camp de concentration SS de GROSS-ROSEN (Haute Silésie) le 11 novembre 1944.
Il avait quitté la prison de Besançon le 1er octobre 1943, jour où nous avons été envoyés à la prison de Fresnes (Paris) en compagnie des détenus Vernot, Roumagère, Oskar, Comte, Nevers et moi.
Le 11 novembre 1943, nous sommes partis pour le camp de concentration SS de NATZWEILER dans lequel nous avons travaillé dans une carrière. Monsieur PRILLARD a attrapé la maladie œdème c’est-à-dire sang devient de l’eau. Les jambes ont commencé à se gonfler grandement.
Le 20 mai 1944 nous avons été envoyés dans un commando de travail. Les détenus Roumagère, Comte et Prillard sont restés en prison pour son état de faiblesse et l’impossibilité de travailler.
Le 28 septembre 1944, Nevers et moi nous sommes rentrés de nouveau à la prison de Briège et nous avons aperçu Prillard dans une fenêtre de l’infirmerie.
Le 21 octobre 1944, on a quitté la prison de Briège et on nous a emmenés au camp de concentration de Gross-Rosen. De la prison de Briège à la gare, Prillard comme Roumagère ont été emmenés dans une petite voiture parce qu’ils ne pouvaient pas marcher.
De la gare de Gross-Rosen au camp de concentration, j’ai eu sur un bras tout le temps Monsieur Prillard Charles parce qu’il ne pouvait même pas se traîner. A la fin j’ai obtenu de le faire monter sur un camion qui a passé près de nous et c’est grâce à ça qu’il a pu arriver jusqu’au camp de concentration.
C’est sur mes épaules que j’ai traîné Monsieur PRILLARD pour le faire passer la revue, visite du docteur, et il est entré immédiatement à l’infirmerie.
Le 11 novembre 1944, le Docteur Maillard, français, nous a annoncé la mort de M.Prillard Charles de Chouzelot, il avait les jambes gonflées et le cœur ne marchait pas, faiblesse et épuisement attrapés dans les camps de concentration SS, par la mauvaise nourriture, régime insupportable des traitements et brimades.
A partir de ce jour, le nom de Prillard Charles a été biffé de la liste de déportés qui appartenait au bloc 10 du camp de concentration SS de Gross-Rosen.
Veuillez, Madame, je vous prie recevoir mes tristes condoléances.

Antonio PEREZ

NB : Charles PRILLARD est né à CHOUZELOT le 19.11.1904. Il est mort à 44 ans presque jour pour jour, le 11 novembre 1944 : comble de l’ironie, le jour anniversaire de l’armistice de la guerre de 14.18.

LETTRES DE JEAN COMPAGNON
Cultivateur à Chouzelot
Né le 24.12.1921
Fusillé à l’âge de 21 ans

1ère lettre
Dimanche 5H40 le 26

Chers parents,

Je viens pour la première fois vous écrire, et malheureusement la dernière. Le tribunal maintient la sentence. Je serai fusillé ce matin. Je meurs le cœur plein de vos adorables images et l’âme tranquille. Je vous reverrai tout là-haut, quand Dieu vous rappellera à Lui. Courage, tel est le dernier mot que je vous dis. Pardonnez-moi de vous faire souffrir ; je ne croyais pas en venir ici. Adieu tous ceux que j’aime et que j’adore, et que je fais souffrir ; adieu tous. Adieu pays natal. Adieu belle France. Je meurs avec l’espoir que mes idées resteront personnifiées, et que vous aurez le courage nécessaire pour les suivre jusqu’au bout.
Dans l’attente que cette lettre vous apporte la tristesse je vous quitte.

Jean COMPAGNON

2ème lettre (censurée)

Adieu à tous. Je meurs pour que vive la France. C’est après avoir été battu deux fois et après avoir souffert physiquement et moralement que je vous quitte, chers parents et tous frères et sœurs que je ne reverrai jamais (quatre ou cinq mots biffés illisibles) Mais courage, confiance (quatre mots biffés)
Adieu à tous. Pardonnez-moi de vous faire souffrir. Ayez autant de courage que moi et Vive la France
Je ne sais quoi vous mettre ; mon cerveau est comme endormi. Je meurs comme tant d’autres malheureusement.
Adieu à tous et à tout jamais.

Jean COMPAGNON

NB : avec Jean COMPAGNON est fusillé le même jour Henri FERTET lycéen bisontin, né le 27.10.1926 à SELONCOURT, il a 16 ans. Sa lettre à ses parents, déchirante, est dans tous les livres d’histoire et sur internet.